
L’année dernière, je rejoignais officiellement, et en grande fanfare le groupe des mères indignes.
Mon crime? Décider de voyager sans ma famille.
Pour être honnête, je ne pensais pas que faire un voyage en solo, pouvait être considéré comme enfreindre les règles du guide « comment être une bonne mère ». Manuel se voulant utile, mis en place par des super femmes, pour toutes les femmes, même les ordinaires comme moi.
Alors dans ce manuel, les règles majeures sont les suivantes:
-Être à la disposition de sa famille 7 jours sur 7.
-Lui concocter des menus sains et équilibrés
-Participer à toutes les activités extra-scolaires
Bref être omnipotente, omnisciente limite omni étouffante.
Non contente de ne remplir quasi aucun des critères énumérés ci-dessus, j’ai fait une entorse aux règles établies : j’ai délaissé ma famille pour une durée limitée. L’affront !
Un weekend sans les enfants? C’était limite mais encore pardonnable. Une semaine ? Là on est carrément en plein infanticide!
Quitte à être condamnée, pensai-je, autant bien faire les choses.
Je partais pour 3 semaines.
Les réactions ne se sont pas faites attendre.
Il y avait celles qui se voulaient culpabilisantes
“mais tu ne pourras jamais faire 3 semaines sans tes enfants ”Tu ne tiendras pas le coup”
Il y avait celles qui se voulaient machistes, émanant de femmes.
“mais comment il va faire ton mari? “
Mais oui, heureusement qu’elles sont présentes et actives, pour défendre ces pauvres maris délaissés. Un altruisme dont le monde se passerait volontiers.
Et puis il y avait celles, qui de façon à peine voilée me signifiaient, que j’étais une mauvaise mère.
“moi, je n’aurais pas laissé mes enfants ne serait-ce que pour un weekend”
« Oui ! bien sûr ! mais personne ne t’oblige à le faire. Heureusement que je suis moi, et que toi tu es toi! » était ma réponse dans ce cas de figure.
Une année compte 365 jours ou 366 pour les bissextiles, alors ce ne sont pas 21 jours sans moi qui allaient créer un traumatisme irréversible chez mes enfants, bien au contraire, cela permettrait à ma famille de souffler. J’en étais convaincue.
Je suis le genre de mère qui ne porte pas son rôle comme une croix. Être maman, ne signifie pas enterrer la femme qu’on a été/qu’on est. Il m’arrive de céder à des « plaisirs coupables », comme de songer à mon bien être. S’occuper des autres est une bonne chose, pour pouvoir s’occuper des autres, il faut prendre soin de soi, alors prendre soin de soi est une bonne chose. Syllogisme cohérent non ?
Au nom de cette sacro- sainte maxime, je vais une fois toutes les six semaines, chez Erica m’allonger pour 3 heures. Erica n’est pas ma psychologue, mais mon esthéticienne. Passer trois heures chez elle me fait un bien fou. Je peux lui confier mes projets, mes envies, mes frustrations entre une séance d’épilation, massage ou de soin de visage. L’avantage avec Erica est qu’elle est multitâche, et je ressors de chez elle délestée de bien plus que mes poils.
Au nom de cette même maxime, je m’autorise des activités n’ayant aucun rapport avec la maternité.
J’adore être mère, épouse, mais je ne pourrai remplir ses rôles que dans la liberté de pouvoir être moi.
Alors ce voyage ? eh bien, je l’ai fait, et ce fut une expérience formidable.
Je vous entends d’ici, non ! cela ne veut me dire que ma famille ne m’a pas manqué.
Je préfère vous rassurer, c’était loin d’être le cas. Au moins ça évitera qu’on rajoute un cœur de pierre à mon statut de mère indigne.
Mais, le manque n’est pas une punition, surtout quand on revient avec les batteries rechargées pour le combler.
Après la fin de ma retraite, alors que je m’attendais à être mise au banc des accusés au mieux, ou brulée vive au pire, grande fut ma surprise de constater, que c’était le contraire.
J’étais, sans faire dans l’hyperbole, considérée comme une héroïne à mon retour.
J’avais du mal à comprendre ce revirement à 360 degrés, mais bien vite, les langues qui se mirent à se délier peu à peu, me firent réaliser qu’elles étaient nombreuses les mamans qui rêvent de cette pause.
Mais elles s’en privaient soit parce qu’elles se mettent une pression, et croient que sans elles le monde s’effondrerait, soit parce qu’elles n’en ont pas la possibilité, ou ont tout simplement peur du jugement des autres, et de leur entourage.
A leurs yeux, j’étais sans doute celle qui avait bravé les « interdits ».
Mais à vrai dire héroïne je ne le suis certainement pas, mère indigne encore moins, je suis juste moi.
Une mère imparfaite qui fait du mieux qu’elle peut, s’autorise des pauses, une mère à temps partiel et une femme à plein temps.
Tu as bien raison, il faut savoir se faire plaisir. C’est important pour l’épanouissement de toute la famille.
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Merci beaucoup Fiona.Merci d’avoir lu mon article
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