Le corona virus nous l’a fait à l’envers

Depuis quelques semaines, nous avons vu le cours de nos vies inversé par un intrus. Il avait pourtant l’air si inoffensif et lointain qu’on était loin d’imaginer, qu’il provoquerait un chamboulement à l’échelle mondiale. Vous l’avez deviné, il s’agit du coronavirus. Déjà le nom de la maladie qu’il provoque est tellement charmant, qu’il était difficile d’en avoir peur. La peste voilà au moins un nom qui foutait les jetons, donnait envie de se barricader, prendre ses jambes à son cou. Mais corona , qui ne voudrait pas d’une couronne ? seulement voilà, cette couronne au lieu d’être sur la tête, se greffe sur le système respiratoire et comme toute chose au mauvais endroit ,cause des dégâts considérables. Le couronnement suprême qu’on peut obtenir en cas de contamination est la mort.

Très vite , le virus a su traverser les continents, il  a démontré sa force de propagation en traversant le continent asiatique à la vitesse de l’éclair, pour s’inviter sur le vieux continent et faire trembler les piliers du colisée. L’Italie touchée, le virus poursuivit  son chemin en assiégeant l’Europe. Face au virus, la réponse commune européenne reste une illusion. L’Europe a clairement démontré qu’elle est un colosse aux pieds d’argile, une chimère monétaire, incapable de la moindre cohésion au-delà de l’Euro. Confinement complet, semi-confinement ? Chaque pays a le choix de prendre les dispositions qui lui conviennent. On va à la guerre en rangs dispersés.

Le mot d’ordre est néanmoins quasi-identique :se mettre en sécurité , et le lieu le plus sûr reste la maison.

On ferme les écoles, les crèches, tous les lieux de divertissement et de rassemblement.

 Les parents devenus enseignants de substitution , ont pu découvrir que c’ était un vrai métier. si nous avons du mal à gérer nos marmots, imaginez devoir en supporter une vingtaine.

Activités sportives, évènements , toutes les distractions nous permettant d’éviter de songer à la vacuité de notre existence ont été annulés.

Plus possible de rendre visite à des amis, d’ aller au cinéma etc.

On devra se contenter d’être nous-mêmes , 24 h sur 24 H , exercice pas facile quand on a appris à vivre que par le regard des autres.

Sartre disait que l’enfer c’est les autres, avec le confinement on découvre que l’échappatoire c’est les autres. Sans eux , plus de repères

Nous voila face à nous et aux êtres qui nous sont « chers » entre les 4 murs de notre geôle aseptisée.

Nous voila entrain de désapprendre  à nos progénitures les règles élémentaires de politesse que nous leur avons inculquées :

 « Non, il ne faut plus serrer la main »

 « Tenez- vous loin de tout le monde »

On lutte contre un ennemi invisible avec les moyens qu’on a , même si on sent qu’ils restent dérisoires.

Distance de sécurité obligatoire quand on fait ses courses, ou quand on rencontre quelqu’un. Le corona est un laissez-passer formidable pour les misanthropes. Plus besoin de se taper les conversations vides et creuses sur le temps, la couleur du pull de mamie , des questions existentielles, certes mais dont on se passe volontiers.

Tout compte fait, il reste important de souligner la chance que nous avons nous autres, d’avoir le confort d’un toit et d’être entourés. Tout le monde ne peut hélas pas en dire autant.

pour  certains,  la maison est tout sauf un lieu de repos  à cause des violences physiques ou psychologiques qu’ils y subissent.

L’Afrique épargnée au début de cette pandémie, provoquait l’étonnement des experts. Elle était pourtant connue pour être le berceau de tous les maux à défaut de berceau de l’humanité.

Mais même si elle  y rentre en trainant les pieds, L’Afrique fini par  faire son entrée dans la danse, au grand soulagement des oiseaux de mauvaise augure.

Les privilégies qui pour fuir le confinement imposé en Europe se rendent en Afrique, contribueront par leur inconscience à la prolifération de la maladie.

Ils oublient que sous nos cieux, un confinement comme c’est le cas en Europe est presqu’impossible, de plus, nos hôpitaux ne sont pas équipés pour faire face à cette pandémie.

Mais comme l’a souligné un tweet , largement diffusé sur les réseaux sociaux , les dirigeants africains ne pouvant plus se soigner en Europe,  auront tout le loisir de vivre les réalités auxquelles doivent faire face les populations ,du fait du sous-équipement des hôpitaux, tout en espérant  que cet épisode tragique les rapproche des populations qu’ils gouvernent.

Les médias nous font le décombre macabre des victimes, tellement contents d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Le virus a réussi l’exploit de reléguer la crise des migrants et Daesh au second plan. On oublie que pendant cette période, les plus vulnérables sont plus que jamais ceux à qui tendre la main pardon …le coude…

Anonymes, célébrités, riches , pauvres, noirs, blancs ce virus ne fait aucune distinction , « tous égaux face au covid-19 »

Le fichu virus qui les dents longues, a rongé 2 grands baobabs africains, qui ont fini par tomber.

Aurlus Mabele précurseur du soukouss est mort le 19 mars 2020

Manu Dibango chantre du soul Makossa, affectueusement appelé papa groove , dont le fameux « mamase mamasa makossa  » a été samplé par Michael Jackson, et bien d’autres ,a déposé son saxophone le 24 mars 2020

De grosses pertes pour le continent Africain. Chers illustres disparus, puisse la terre de nos ancêtres vous accueillir. Nous vous retrouverons au quotidien par le biais de l’héritage que vous nous avez légué. « Les morts ne sont morts » disait Birago Diop.

Si le vecteur animal est la source privilégiée pour l’origine de ce virus , On n’arrive pas à s’accorder sur le coupable. Est-ce le pangolin ?ou la chauvesouris ? . Mon vote ira à la chauvesouris.

 Depuis le début, ce virus nous l’a fait à l’envers , en mettant nos vies sens dessus , sens dessous.

Profitons du fait que nous ayons la tête en bas, pour nous poser les bonnes questions, et obtenir les réponses adéquates afin profiter de notre vie, une fois à l’endroit.

Bon confinement, bonne introspection. Prenez soin de vous, prenez soin de nous, prenez soin d’eux.